Le tatouage avait presque disparu quand il fut redécouvert au XVIIIe siècle par les explorateurs et marins qui redécouvrent l’ornement polynésien nommé tatau. Celui-ci donna son nom au tatouage actuel. Sa pratique ancestrale semble remonter à -1 300 avant JC. C’était un rite utilisé pour marquer les étapes importantes de sa vie. On marquait la peau a l’aide de dents de requin ou d’os taillés avec de l’encre de charbon. Le tatouage était également une marque sociale, essentiellement pratiquée par les classes supérieures.
Dans la Rome antique, on se servait des tatouages pour marquer les criminels et les esclaves. Ces derniers étaient souvent marqués au centre du front par les initiales du nom de leur maître. C‘était également une manière de valider une transaction lorsque des esclaves étaient achetés par des étrangers. Les gladiateurs arboraient des tatouages faciaux dans le but d‘effrayer leurs adversaires, des motifs religieux ou encore des personnages mythiques protecteurs.
Au Japon, aux XVIIe et XVIIIe siècles à l‘époque d‘Édo, le tatouage aussi nommé irezumi est signe de punition, les criminels étaient tatoués de force sur les bras ou le front. Malgré sa connotation négative, le tatouage se répand, surtout chez les ouvriers, pompiers et coursiers. Les Japonais se recouvrent le corps de mythes et de légendes, avec par exemple des dragons et des samouraïs. En 1872, cette pratique devient totalement interdite jusqu‘en 1948 pendant l‘occupation américaine.
Le tatouage est encore aujourd’hui mal perçu au Japon car il est souvent affilié aux yakouza, les gangs japonais. Beaucoup de lieux publics tels que les onsen, bains chauds traditionnels, interdit l’accès aux personnes tatouées.
En Russie, dès 1922, le tatouage a pris beaucoup d‘importance dans les prisons et les goulags. La pratique du tatouage permettait, par un système très codifié, de retracer le parcours criminel des prisonniers. Il permettait grâce au nombre et à la signification des tatouages d‘instaurer une certaine hiérarchie dans les prisons. Les forces de l‘ordre finirent par apprendre à déchiffrer les symboles à partir des années 1960, démasquant dès lors les porteurs.
En Angleterre, utilisé par les prisonniers et les prostitués, le tatouage est mal vu, les personnes tatouées se font traiter de bêtes de foire et sont utilisées dans les Freaks Show comme divertissement du XIXe au XXe siècle.
En 787, en Europe, le tatouage fut interdit par l‘Église car considéré comme une pratique païenne. On peut le lire dans l‘Ancien Testament où il est écrit :
» Vous ne ferez point d’incision dans votre chair pour un mort, et vous n’imprimerez point de figures sur vous. Je suis l’Eternel. «
C‘est au XVIIIe siècle que celui-ci refait surface grâce aux marins qui, après avoir redécouvert les tatouages polynésiens, s‘en servent pour marquer, lors des longs voyages en mer, leurs corps de motifs. Cette pratique leurs permettait de raconter une histoire, une aventure ou encore d’illustrer une personne importante.
Ce fut seulement à la fin des années 1900 que le tout premier salon de tatouage ouvrit ses portes en Europe. La première machine à tatouer électrique existait déjà depuis décembre 1891, créée par Samuel O‘Reilly.
C‘est dans les années 70 que le tatouage se répand réellement grâce aux générations punk, rock et bikers, qui lance la mode mauvais garçon aux États–Unis, comme en Europe. Mais bientôt les stars de la musique vont lui donner une image « cool« et le tatouage rentrera dans la pop culture.
Le tatouage et ses significations ont donc énormément évolué au fil des siècles. Il a d’abord eu des vertus de guérison puis a servi à démontrer son appartenance à un groupe. Il a également servi dans un but de protection comme avec le Sak Yant réalisé de manière traditionnelle par des moines bouddhistes initiés. Le tatouage a également servi à marquer les prisonniers et les marginaux de la société afin de les différencier. Il peut également raconter une histoire, un vécu ou encore être un signe de rébellion, de protestation.
Aujourd’hui encore on peut choisir le tatouage pour sa signification, son appartenance à un groupe, dans un but protecteur, mais il peut également être purement esthétique. Beaucoup d’artistes tatoueurs sont choisis pour leurs styles ainsi que leurs créations uniques.
Bien que longtemps considéré comme un art réservé aux marginaux, le tatouage est aujourd’hui démocratisé. En France 1 personne sur 10 est tatouée et on compte sur l’hexagone plus de 5000 salons de tatouages. Il existe également des concours ainsi que des conventions sur le thème du tatouage qui permettent aux personnes non initiées d’en apprendre plus sur le sujet.
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