01/07/22

Un film français qui fait couler beaucoup d’encre, dont on entend parler dans toutes les bouches, qui atterrit dans toutes les oreilles. En ces temps de pandémie, voilà une bien belle nouvelle pour le cinéma français, n’est-ce pas ? Et bien, pas tant que ça. Si le film «Bac nord» de Cédric Jimenez fait autant jaser, ce n’est ni pour son casting, ni pour son scénario, mais pour la vision des quartiers dits «sensibles» de Marseille qui y est proposé.

Source : image du film

Jusqu’ici, tout va bien…

Ainsi, lors de la conférence de presse faisant écho à la diffusion du film au festival de Cannes, le journaliste irlandais Fiachra Gibbons interpelle l’équipe du film, qui ne manquera pas de rire grassement devant le fort accent du journaliste. Vint la remarque fatidique : «moi, je vois votre film un an avant une élection présidentielle, ça me donne envie de voter Lepen (…)». Quelques rires gênés, un ton condescendant et paternaliste, tout est fait pour interrompre la question de Fiachra. Mais ce dernier de poursuivre : «Peut-être que c’est une blague pour vous (…), mais dans ce film les gens de cités ne sont que des bêtes. Et c’est une vue qu’on a toujours dans les médias français (…) Le film est super, mais il y a un problème, là».

 

Source image : 7 sur 7

L’important n’est pas la chute …

À ces mots succède un glacial silence. Fini les rires méprisants : l’équipe du film est piégée par une critique légitime. Ils
auront beau botter en touche, et pondre un discours sur l’interprétation d’une vacuité inouïe, la presse s’empare de l’affaire. Si certains journaux comme Marianne et 20minutes encensent le film, Libération écrira : «Tendance cinquante nuances de droite sur fond de faux accent marseillais, le film démago et viriliste de Cédric Jimenez est raté autant dans son exécution que dans ses intentions».

… Mais l’atterrissage !

Qui a raison ? Qui a tort ? On pourrait répondre que la vérité est plus complexe, que tout cela relève in fine de l’interprétation du spectateur, seulement voilà : le 2 février, le syndicat de policiers «Alliance», reconnu comme appartenant à la droite radicale, organisa une projection du film, suivi d’un débat sur la sécurité. Les invités ? Eric Zemmour, Marine Lepen, Valérie Pécresse et Gérald Darmanin, les autres candidats ayant décliné l’invitation. Quand on entend le président de « Reconquête » parler au pupitre d’une « guerre civilisationnelle » face à laquelle il faudrait se défendre coûte que coûte, difficile de voir autre chose dans ce film qu’une immonde manipulation de l’opinion publique, et l’éternelle perpétuation de clichés déjà centenaires.

source image : Le Parisien, LP/Olivier Corsan

Peut-être donc qu’à la prochaine question d’un journaliste étranger, on montrera autre chose que du mépris. Peut-être aussi que viendra se poser la question de l’influence du cinéma dans les mouvements électoraux. Le but de cette chronique n’est pas d’imposer une opinion, simplement de prodiguer un conseil : avant de prendre pour réalité générale ce qu’on vous montre à l’écran, réfléchissez ! La propagande et ses outils ne sont certainement pas réservés qu’à Staline et Mussolini …

 

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